La médiathèque organise une Rencontre de Lecteurs "Conversations Livres à Nous" vendredi 26 novembre 2010 à 20h sur le thème du Secret.Les livres sélectionnés pour la discussion sont disponibles à la médiathèque :
- Agota Kristof : La trilogie Le Grand cahier,
- La Preuve, Le 3e mensonge
- Milena Agus : Mal de pierres- Boualem Sansal : Le Village de l'allemand
- Aki Shimazaki : Le Poids des secrets
- Magda Szabo : La Porte
- Philippe Claudel : Le Rapport de Brodeck
- Alice Hoffman : Incantation- Anne B. Ragde : La Terre des mensonges- Delphine Bertholon : L’Effet Larsen
- Franck GIROUD : BD de la Série « Secrets
Rencontre de lecteurs organisée par les bibliothèques et médiathèques de :
Les Avenières, Brangues, Corbelin et Vézeronce-Curtin
Les Avenières, Brangues, Corbelin et Vézeronce-Curtin
Deux coups de coeur ont été décernés ex aequo :
MAL DE PIERRES – Miléna Agus
Miléna Agus est née en 1959 à Gènes d’une famille Sarde dont elle dit d’ailleurs "qu’ils sont sardes depuis le paléolithique".
Elle enseigne l’histoire à Cagliari. C’est « Mal de Pierres » en 2006 qui l’a révélée, notamment en France.
Pourquoi « mal de pierres » ? Tout simplement parce que son héroïne souffre de calculs rénaux. A presque trente ans, elle n'est toujours pas mariée, autant dire une presque vieille fille en ce début des années quarante. Pourtant, un prétendant un peu plus motivé que les autres finira par l'épouser, mais sans amour, ni d'un côté ni de l'autre. On comprend petit à petit, qu’elle a deux vies : sa vie sur l’île et sa vie sur le continent où elle connaîtra l’amour. C'est cette histoire qu'elle écrit dans un cahier, retrouvé par sa petite-fille, narratrice de toute cette saga familiale.
L’écriture de Miléna Agus est belle, sensuelle et pas dénouée d'humour. Elle nous fait découvrir à travers ce roman l’insularité qui, plus encore qu’en Sicile, fait de la Sardaigne un monde à part, un pays à lui tout seul.
LE RAPPORT DE BRODECK (Philippe Claudel)
Philippe Claudel est lorrain de tradition et de cœur. Il est agrégé de lettre, maître de conférences à l’université de Nancy. Il a été également professeur en prison.
L’action se situe dans une contrée indéterminée, près d’un état qui a déclaré la guerre à ses voisins et d’où le narrateur revient. Un étranger a débarqué dans le village. Il s’est installé dans l’auberge, sans révéler son identité, ni se départir de ses excellentes manières. Il a d’abord attisé la curiosité générale puis déclenché une sourde haine. Elle a atteint son paroxysme lorsque cet original a tendu aux villageois, en guise de cadeau pour leur hospitalité, un miroir où pouvait se lire leur vrai visage.
Pour ces derniers, se trouver confronter à leur turpitudes est devenu insoutenable. L’’individualité s’est transformée en groupe et Philippe Claudel nous fait toucher du doigt ce que chacun peut devenir quand l’homme se cache derrière le groupe et c’est « le groupe » qui va tuer l’étranger qui dérange.
Brodeck, parce qu’il sait écrire, parce qu’il est redevable au village qui l’a accueilli va être chargé du rapport alors qu’il n’a rien vu.
On l’espionne. On l’inquiète. Brodeck vit cerné par les secrets : l’assassinat de cet étranger, sa propre survie dans le camp et ce que l’on a fait, pendant sa longue absence, à sa femme qu’il a retrouvée aveugle et mère d’une petite fille.
Brodeck finira son rapport et devra quitter le village.
Philippe Claudel nous confronte dans ce roman, à toute la cruauté qui fait désigner « le bouc émissaire » dont on besoin les hommes pour se donner bonne conscience.
La guerre obsède Philippe Claudel. Dans Les Âmes grises, il revenait sur 1914-1918 ; dans La Petite fille de M. Linh, en 2005, il évoquait l’Indochine. Cette fois, il explore l’énigme du Mal, disséquée par un rescapé qui la retrouve alors qu’il pouvait se croire enfin à l’abri de ses griffes.
